Surveillanceen hélicoptÚre et véhicules d'intervention rapide, tous les moyens sont bons pour mettre hors d'état de nuire les délinquants de la route. Sommaire. 1. 100 jours avec les gendarmes de l'autoroute Provençale : [épisode 1] : [1Úre partie] à - 00:55:50:00. 2.

A dĂ©couvir jeudi 15 avril Ă  2115 sur C8, la premiĂšre partie du documentaire 100 jours avec les gendarmes de Normandie » rĂ©alisĂ© par Marion Chauveau, StĂ©phanie Roy et Romain Finck. En ville, Ă  la campagne, sur la cĂŽte, les gendarmes de Normandie enchaĂźnent les missions. ContrĂŽler, interpeller, porter secours. Ces femmes et ces hommes veillent Ă  la sĂ©curitĂ© de tous. Au Havre, la compagnie regroupe cent militaires. Vous allez les suivre pendant 100 jours. Le Major Fabrice est Ă  la tĂȘte du Peloton MotorisĂ©. Il traque les chauffards aux comportements irresponsables. Il ne compte pas laisser les dĂ©linquants faire leur loi, quitte Ă  s’engager dans de longues enquĂȘtes pour retrouver un fuyard. A 39 ans, AngĂ©lique, mĂšre de famille, au caractĂšre bien trempĂ©, est membre du peloton motorisĂ©. Pour elle aussi, c’est tolĂ©rance zĂ©ro sur la route. ExcĂšs de vitesse, stupĂ©fiant, alcool
 Elle ne laisse rien passer. Teddy, 38 ans, est membre du PSIG, le Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie. Cette unitĂ© est toujours envoyĂ©e en premiĂšre ligne pour les interventions les plus musclĂ©es. Jovial, il sait se montrer ferme face aux dĂ©linquants rĂ©calcitrants. A 31 ans, Michel est lui aussi membre du PSIG. Il travaille parfois en binĂŽme avec Teddy. D’un tempĂ©rament plutĂŽt calme, il privilĂ©gie la discussion avec les mis en cause afin d’apaiser les tensions. PremiĂšre partie de l'immersion avec les gendarmes normands Ă  suivre sur C8 jeudi 16 avril Ă  2115. Regarderen exclusivitĂ© tous les replay de Au coeur de l'enquĂȘte - ProposĂ© en streaming sur CSTAR et diffusĂ© le 3 avril 2022 . Direct TV; Programmes TV ; Replay TV; Voir plus . Voir moins . Replay TV Au coeur de l'enquĂȘte

— 1 — La sĂ©ance est ouverte Ă  neuf heures. M. LoĂŻc Kervran, prĂ©sident. Je vous prie de bien vouloir excuser l’absence du prĂ©sident Gassilloud, qui accompagne le PrĂ©sident de la RĂ©publique en Afrique. Amiral Vandier, vous concluez notre cycle d’audition des chefs d’état-major. Vous ĂȘtes Ă  la tĂȘte de la marine nationale depuis le 1er septembre 2020, aprĂšs avoir Ă©tĂ© le chef du cabinet militaire de la ministre des ArmĂ©es et auparavant, de 2013 Ă  2015, commandant du groupe aĂ©ronaval GAN Charles-de-Gaulle. Le monde parlementaire ne vous est pas Ă©tranger, votre arriĂšre-grand-pĂšre Benjamin Vandier, lui aussi officier de marine, ayant Ă©tĂ© dĂ©putĂ© puis sĂ©nateur de la VendĂ©e. Vous ĂȘtes l’auteur d’un excellent livre sur le fait nuclĂ©aire comme dĂ©terminant majeur des Ă©quilibres stratĂ©giques, dont je recommande particuliĂšrement la lecture Ă  l’aune de ce qui se passe en Ukraine, et dont le titre est La dissuasion au troisiĂšme Ăąge nuclĂ©aire ». Dans un discours remarquĂ© Ă  l’École navale, vous avez rappelĂ© aux nouveaux Ă©lĂšves qu’ils entraient dans une marine qui va probablement connaĂźtre le feu Ă  la mer », et qu’ils devaient s’y prĂ©parer. Alors que, dans les derniĂšres dĂ©cennies, la mer a principalement Ă©tĂ© perçue comme un espace de circulation et d’échanges, elle est clairement redevenue un espace de compĂ©tition et de confrontation entre puissances, oĂč la guerre n’est plus exclue. S’y jouent des luttes pour l’exploitation des ressources naturelles, tel le gaz en MĂ©diterranĂ©e, ou des stratĂ©gies de conquĂȘte territoriale, comme en mer de Chine. Dans la guerre en Ukraine, elle reprĂ©sente un front essentiel de la lutte pour le contrĂŽle de la mer Noire. Partout dans le monde, la mer aiguise les appĂ©tits et redevient un lieu de conflit. L’effort de rĂ©armement naval est massif, notamment de la part de la Chine, du Royaume-Uni, oĂč il est prioritaire, et de l’Australie. Dans ce contexte, et Ă  la lumiĂšre des premiers retours d’expĂ©rience de la guerre en Ukraine, notre premiĂšre interrogation est de savoir oĂč en est la marine nationale. Elle a bĂ©nĂ©ficiĂ©, au cours des derniĂšres annĂ©es, d’un effort important en matiĂšre de capacitĂ©s, grĂące au lancement et Ă  l’aboutissement de programmes majeurs – sous-marins nuclĂ©aires d’attaque SNA, frĂ©gates de dĂ©fense et d’intervention FDI, patrouilleurs outre-mer POM – ainsi qu’à la mise Ă  l’étude du sous-marin nuclĂ©aire lanceur d’engins de troisiĂšme gĂ©nĂ©ration SNLE 3G et du prochain porte-avions. Si la France dĂ©tient le deuxiĂšme espace maritime mondial, elle dispose de la septiĂšme marine en tonnage. Vous nous direz dans quelles conditions le format de la marine nationale est adaptĂ© aux enjeux stratĂ©giques, Ă  l’heure oĂč est esquissĂ©e une nouvelle loi de programmation militaire LPM et oĂč nous devons garantir la cohĂ©rence globale de notre outil de dĂ©fense et des fonctions opĂ©rationnelles dont la France a besoin. L’évolution du contexte stratĂ©gique a d’ores et dĂ©jĂ  induit des inflexions dans la conduite de notre politique de dĂ©fense maritime, au premier rang desquelles la dĂ©finition rĂ©cente d’une stratĂ©gie ministĂ©rielle de maĂźtrise des fonds marins, qui permettra Ă  la France de se doter de nouvelles capacitĂ©s militaires exploratoires ainsi que d’un commandement dĂ©diĂ©. Bien d’autres domaines sont affectĂ©s par l’évolution du contexte stratĂ©gique, invitant Ă  des inflexions dans la rĂ©partition des missions de la marine. Citons notamment la sĂ©curisation des routes Ă©nergĂ©tiques, la lutte contre le pillage halieutique, la protection de la biodiversitĂ©, l’usage de l’espace extra-atmosphĂ©rique pour surveiller le trafic maritime, l’utilisation des donnĂ©es maritimes et la contribution de la marine aux politiques de cohĂ©sion nationale. Outre les moyens, nous serons attentifs Ă  ce que vous direz de l’évolution et de la redĂ©finition des missions de la marine. Enfin, il est un aspect de la marine qui a une importance majeure dans l’issue des combats qu’elle devra mener les hommes et les femmes qui la composent ainsi que le caractĂšre, la mentalitĂ©, la culture et le cadre conceptuel dans lequel s’exerce la force. Je sais que vous attachez une attention particuliĂšre Ă  la formation des marins et Ă  leur force morale, Ă©voquĂ©e par le PrĂ©sident de la RĂ©publique dans son discours du 13 juillet, ainsi qu’à leur prĂ©paration intellectuelle. Vous nous direz le regard que vous portez sur cette culture et sur ses conditions d’évolution. Amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la marine. Permettez-moi de vous dire mon plaisir et mon honneur d’intervenir devant la commission de la DĂ©fense nationale et des forces armĂ©es. Je souhaite une trĂšs belle lĂ©gislature Ă  cette commission largement renouvelĂ©e. Il y a beaucoup Ă  faire dans le monde tel qu’il se dessine devant nous et vous ĂȘtes Ă  un moment vraiment historique. Je tĂącherai de vous dĂ©montrer la nĂ©cessitĂ© de faire de grandes choses, et de les faire rapidement. Au cours des derniers mois, nous avons vu changer le monde de façon radicale par rapport aux trois derniĂšres dĂ©cennies. Les feux de l’actualitĂ© donnent Ă  l’horizon militaire une coloration trĂšs continentale, ce qui est bien normal. Le drame que vivent les Ukrainiens depuis le 24 fĂ©vrier inquiĂšte. Il rappelle les heures sombres vĂ©cues par nos concitoyens lors des derniĂšres guerres mondiales. Il signe le retour de la guerre en Europe. Toutefois, il me semble essentiel, dans les temps chahutĂ©s que nous connaissons, de bien adapter la focale de nos objectifs Ă  l’ampleur de ce qui est en train de se produire. Les problĂšmes que nous rencontrons sont globaux. Notre commerce est mondial. Notre Ă©nergie devra durablement ĂȘtre importĂ©e depuis l’extĂ©rieur du continent, ce qui constitue un fait nouveau. Notre prospĂ©ritĂ© dĂ©pend de facteurs Ă©conomiques mondiaux. Par consĂ©quent, notre sĂ©curitĂ© est mondiale. Les espaces maritimes, les espaces spatiaux et le cyber ne connaissent pas de frontiĂšres. Ce sont des espaces communs. Les problĂšmes que nous rencontrons sont profonds et durables. Il ne s’agit plus de crises, comme nous en avons connu dans les trente derniĂšres annĂ©es, mais de ruptures profondes, d’ordre gĂ©opolitique, militaire et environnemental, dans un contexte de dĂ©litement accĂ©lĂ©rĂ© de l’ordre international. Nul besoin de dresser la liste des traitĂ©s qui se sont effondrĂ©s depuis 2015 en mer, la marine le mesure chaque jour, avec la fragilisation du respect du droit de la mer et de la libertĂ© de navigation. La marine est aux premiĂšres loges de ces ruptures. Le dĂ©fi consiste Ă  apporter une rĂ©ponse adaptĂ©e Ă  ces enjeux. Les bases jetĂ©es par la prĂ©cĂ©dente LPM sont bonnes. Les efforts passĂ©s portent d’ores et dĂ©jĂ  leurs fruits, et continueront Ă  en porter. Il faut maintenir le cap et s’adapter, notamment Ă  la vitesse dĂ©sormais effrĂ©nĂ©e Ă  laquelle notre monde change. Il faut rĂ©ussir Ă  retrouver un temps d’avance et anticiper, alors mĂȘme que nos processus ont Ă©tĂ© mis au ralenti pendant des dĂ©cennies. Nos moyens sont comptĂ©s. Notre temps l’est aussi. L’outil militaire, particuliĂšrement l’outil naval, se forge dans la durĂ©e. Il faut vingt ans pour former un commandant de sous-marin, et autant de temps pour construire son bateau. C’est la gĂ©nĂ©ration de nos parents qui a dessinĂ© et construit le Charles de Gaulle. C’est Ă  la nĂŽtre qu’il revient de construire les outils militaires qui dĂ©fendront la gĂ©nĂ©ration de nos enfants et petits-enfants dans les quarante prochaines annĂ©es. Il s’agit d’une lourde responsabilitĂ©. Au soir de l’engagement, outre la bravoure des combattants, ce sont les choix du temps long qui font la diffĂ©rence et permettent d’affronter l’imprĂ©visible. C’est ce qu’on a en stock au soir de la guerre qui permet de la gagner. Dans un tel contexte, nous n’avons pas beaucoup de coups Ă  jouer sur l’échiquier. La situation nous impose par consĂ©quent que chaque coup soit gagnant. Tel est l’angle sous lequel je vous prĂ©senterai les grands enjeux de la marine. La premiĂšre responsabilitĂ© du quotidien confiĂ©e Ă  la marine est de protĂ©ger les Français, en mĂ©tropole et dans les outre-mer. Une partie de cette mission ne se voit pas il s’agit de la dissuasion nuclĂ©aire, qui, depuis 1972, repose sur la posture de permanence Ă  la mer. Nous avons en permanence au moins un SNLE Ă  la mer, relevĂ© tous les soixante-dix jours par un autre. Plus de 500 patrouilles ont ainsi Ă©tĂ© accomplies depuis cinquante ans, sans discontinuitĂ©, grĂące Ă  l’engagement de toute la marine, puisque cette mission ne repose pas uniquement sur les bateaux noirs », mais aussi sur le dispositif qui permet d’entraĂźner leurs Ă©quipages et de les diluer dans l’ocĂ©an. La partie qui se voit, c’est la protection de nos cĂŽtes et de nos espaces maritimes, qui, chaque jour un peu plus, sont menacĂ©s par une compĂ©tition sans merci. Cet espace immense, de 11 millions de kilomĂštres carrĂ©s, soit vingt fois la superficie de la France, est Ă  90 % situĂ© dans l’ocĂ©an Indien et dans l’ocĂ©an Pacifique. Il est peuplĂ© de 2,7 millions de Français d’outre-mer qui, comme ceux de mĂ©tropole, aspirent Ă  ĂȘtre protĂ©gĂ©s des effets de la compĂ©tition mondiale. Cet espace doit absolument ĂȘtre surveillĂ©, car tout ce qui n’est pas surveillĂ© est pillĂ©, et tout ce qui est pillĂ© finit par ĂȘtre contestĂ©. Ceux d’entre vous qui viennent d’outre-mer le savent. Je vous conseille la lecture du remarquable article publiĂ© dans Le Monde le 10 juillet dernier, intitulĂ© Razzia chinoise sur le calamar en mer d’Arabie ». Édifiant, il devrait convaincre les sceptiques l’ocĂ©an est littĂ©ralement en train d’ĂȘtre vidĂ© de ses ressources halieutiques. Le mĂȘme constat vaut pour les fonds marins, zone immense, trĂšs convoitĂ©e et mal connue, oĂč passent 97 % des Ă©changes numĂ©riques par des cĂąbles sous-marins. Cette contestation se manifeste Ă©galement par des trafics, notamment d’armes et de stupĂ©fiants, qui ont explosĂ© ces derniĂšres annĂ©es. La marine est en premiĂšre ligne. La derniĂšre opĂ©ration date du 3 juillet, et est le fait du bĂątiment de soutien et d’assistance outre-mer BSAOM Dumont d’Urville qui a interceptĂ© en mer des Antilles un voilier transportant 430 kilogrammes de cocaĂŻne. En 2021, prĂšs de 45 tonnes de stupĂ©fiants ont Ă©tĂ© saisies, soit cinq fois plus qu’en 2020 – non pas que nous soyons devenus meilleurs, mais il y en a bien plus, partout. Cela reprĂ©sente 2 milliards d’euros qui ne financeront pas les flux criminels et terroristes, et autant de substances qui ne termineront pas sur notre territoire. L’espace maritime est fondamentalement concernĂ© par les questions environnementales, qui prennent de plus en plus d’ampleur. La capacitĂ© alimentaire des ocĂ©ans sera profondĂ©ment altĂ©rĂ©e par le rĂ©chauffement climatique, alors que le poisson est la nourriture de base d’un tiers de la population mondiale. Le dessin des cĂŽtes, compte tenu de la montĂ©e des eaux, sera profondĂ©ment modifiĂ©. Sur Terre, 680 millions de personnes vivent Ă  moins de dix mĂštres d’altitude ; une grande partie d’entre elles devra se dĂ©placer dans le prochain demi-siĂšcle. Par ailleurs, le rĂ©chauffement climatique provoque l’accroissement de la frĂ©quence des phĂ©nomĂšnes mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes, qui exigent des moyens d’entraide croissants entre pays cĂŽtiers. La marine est engagĂ©e sur ce front environnemental. Pour prĂ©voir, il faut connaĂźtre, donc observer. Tous nos bateaux Ă  la mer collectent des donnĂ©es, chaque jour. Nos navires ocĂ©anographiques – le Beautemps-BeauprĂ©, le La PĂ©rouse, le Borda et le Laplace –, qui seront remplacĂ©s dans le cadre de la LPM en vigueur, effectuent chaque annĂ©e l’équivalent de 700 jours de levĂ©es hydrographiques et des campagnes ocĂ©anographiques sur tous les ocĂ©ans. Nous avons Ă©galement lancĂ© un partenariat avec l’universitĂ© Paris IV-Sorbonne pour industrialiser la mesure de la microbiodiversitĂ© dans les ocĂ©ans. Si nous connaissons les espĂšces, nous ne savons pas mesurer leur densitĂ©. Or, la densitĂ© du plancton permet de localiser les ressources halieutiques. Lors de catastrophes naturelles, la marine porte rĂ©guliĂšrement assistance aux populations. Tel a Ă©tĂ© le cas Ă  plusieurs reprises aux Antilles, aprĂšs des Ă©pisodes cycloniques violents, et en janvier dernier aux Tonga, oĂč les patrouilleurs Arago, depuis Tahiti, et La Glorieuse, depuis NoumĂ©a, ainsi qu’un Falcon 200, sont intervenus en soutien de cette population. Notre prĂ©sence sert aussi Ă  protĂ©ger nos approches et Ă  assurer la sĂ©curitĂ© du trafic. Ce rĂŽle est dĂ©volu Ă  nos cinquante-huit sĂ©maphores, qui assurent une veille permanente le long de nos cĂŽtes. Le dispositif d’action de l’État en mer repose sur des bĂątiments affrĂ©tĂ©s en mĂ©tropole, des bĂątiments de soutien dĂ©ployĂ©s outre-mer, des dĂ©tachements d’hĂ©licoptĂšres et des aĂ©ronefs de surveillance, qui sauvent en moyenne plus de 200 personnes par an en haute mer, lĂ  oĂč les autres ne peuvent pas intervenir. Je vous invite maintenant Ă  regarder les dĂ©fis Ă  venir dans leur globalitĂ©, avec la bonne focale. Le conflit en Ukraine montre le caractĂšre global des crises. Ses effets sont ressentis bien au-delĂ  des terres meurtries du Donbass. Si les destructions se concentrent sur l’Ukraine, le blocus naval russe a des effets sur la sĂ©curitĂ© alimentaire de millions d’ĂȘtres humains sur plusieurs continents. Sur le plan naval, le dispositif russe est aussi dĂ©ployĂ© en MĂ©diterranĂ©e, dans l’ocĂ©an Atlantique et dans l’ocĂ©an Pacifique. Le potentiel militaire naval russe est quasiment intact, Ă  l’exception du Moskva. La force sous-marine russe n’a quasiment pas Ă©tĂ© utilisĂ©e depuis le dĂ©but du conflit. Le conflit en Ukraine est d’abord terrestre, mais il a rĂ©vĂ©lĂ© l’effet direct de la compĂ©tition pour les flux sur nos Ă©conomies. Le blocus imposĂ© Ă  l’Ukraine a contraint Ă  une reconfiguration majeure des flux d’exportation de ce pays et fait peser Ă  terme une grave hypothĂšque sur son avenir, rĂ©cemment illustrĂ©e par les discussions autour de l’exportation du blĂ© ukrainien. La dĂ©pendance europĂ©enne aux flux maritimes est aussi considĂ©rable pour les biens de consommation et, depuis peu, pour l’énergie. La mer n’est pas vide, de trĂšs nombreux bateaux de plus de quarante mĂštres participent Ă  un trafic qui bouge en permanence. Chaque jour, quinze super porte-conteneurs, transportant 20 000 boĂźtes » chacun, franchissent le canal de Suez en direction des ports europĂ©ens. DĂ©barquĂ©s, ces 300 000 containers reprĂ©sentent une file de camions ininterrompue de Brest Ă  Berlin ! La voilĂ , notre dĂ©pendance. Ce que vous avez sur vos bureaux, dans votre frigidaire, vos costumes, tout cela transite en partie par le canal de Suez, qui voit passer chaque jour l’équivalent d’un Rungis annuel. La marine et les marines alliĂ©es sont les acteurs de la sĂ©curisation de ces flux. Tel est notamment le cas dans le dĂ©troit d’Ormuz, depuis que nous avons dĂ©ployĂ© la mission AGÉNOR en 2019, Ă  la suite de vives tensions entre AmĂ©ricains et Iraniens, ces derniers menaçant le trafic commercial dans la zone. Le Surcouf, qui y participait, vient de rentrer de patrouille. CoordonnĂ©s par un Ă©tat-major aux Émirats arabes unis, les EuropĂ©ens se relĂšvent pour assurer cette mission. La route qui nous sĂ©pare des gisements de gaz du Golfe n’est pas simple. Les navires doivent franchir trois points resserrĂ©s, dont la maĂźtrise Ă  moyen terme n’est pas garantie le dĂ©troit d’Ormuz, sĂ©curisĂ© par la mission AGÉNOR ; le dĂ©troit de Bab-el-Mandeb, sur lequel donne Djibouti et oĂč une base chinoise prend un essor assez inquiĂ©tant ; le canal de Suez, qui, dans l’histoire, n’a pas toujours Ă©tĂ© simple Ă  utiliser et Ă  la sortie duquel se trouve aujourd’hui la base russe de Tartous qui dĂ©ploie une activitĂ© militaire loin d’ĂȘtre nĂ©gligeable. Il suffit d’une montĂ©e en tension pour que les choses se compliquent et que ces flux soient rapidement menacĂ©s. Nul ne peut nier les effets de ces ruptures sur le quotidien des Français, sur leur niveau de vie, sur la continuitĂ© de nos approvisionnements et sur notre Ă©conomie, aujourd’hui et demain plus encore. Nous le constaterons probablement cet hiver lorsque nous devrons rationner l’énergie. Pour la marine, obĂ©ir au mot d’ordre du chef d’état-major des armĂ©es CEMA, gagner la guerre avant la guerre », c’est surveiller, comme nous le faisons depuis des mois, les flottes de surface et sous-marines russe et chinoise, en assurant le maintien de notre libertĂ© de manƓuvre et de la libertĂ© de navigation. C’est aussi dynamiser, comme nous le faisons depuis deux ans, notre entraĂźnement, pour le rendre plus rĂ©aliste, plus dĂ©monstratif et plus crĂ©dible, ce qui a aussi permis d’entraĂźner nos alliĂ©s europĂ©ens, car la crĂ©dibilitĂ© de notre entraĂźnement est un facteur de leur adhĂ©sion. Ils sont venus avec nous dans plusieurs missions, en MĂ©diterranĂ©e, dans le Golfe arabo-persique et dans le golfe de GuinĂ©e. C’est enfin atteindre le niveau d’agilitĂ© voulue par le CEMA dans l’emploi des forces. C’est ainsi qu’en quarante-huit heures, nous avons fait basculer la mission du GAN, qui Ă©tait engagĂ© en soutien de l’Irak, pour participer Ă  la rĂ©assurance aĂ©rienne du flanc oriental de l’OTAN. Des patrouilles aĂ©riennes de combat Combat Air Patrol, CAP sont parties du porte-avions pour voler au-dessus de la Roumanie, de la Croatie et de la Bosnie, oĂč des tensions Ă©mergeaient, en appui de nos alliĂ©s, notamment un GAN amĂ©ricain. Pendant toute cette pĂ©riode, nous Ă©tions au contact permanent de la flotte russe. Tout cela demande un engagement quotidien des moyens de la marine. Pour ce faire, celle-ci doit ĂȘtre en mer, ce qui signifie que son niveau d’activitĂ© doit ĂȘtre maintenu. Il s’agit, pour nous, d’un enjeu majeur, et pour le CEMA d’une prioritĂ©. En bon marin, je vous invite maintenant Ă  jeter un coup d’Ɠil au radar pour regarder au-delĂ  de l’horizon. La future LPM devra traiter de grands enjeux, au premier rang desquels la perspective d’une confrontation globale, qu’il faut dĂ©sormais regarder avec luciditĂ©. La mer est globale. On peut y transiter de façon continue et sans entrave, de Mourmansk Ă  Brest, de Shanghai Ă  NoumĂ©a, d’Izmir Ă  Toulon, en quelques jours. Cette fluiditĂ© s’accentuera dans les annĂ©es Ă  venir. On pense avec raison que la Chine est loin, mais l’ouverture de la route maritime du Nord, en Arctique, va rĂ©duire cette distance de 30 %. Le rĂ©chauffement climatique, qui en libĂ©rera l’accĂšs, permettra Ă  la Chine de s’affranchir du contrĂŽle des dĂ©troits. Pour aller de Chine en Atlantique, il faut soit franchir les nombreux dĂ©troits prĂ©cĂ©demment citĂ©s, soit emprunter la route maritime du Nord. À l’heure actuelle, les Chinois construisent une flotte de cinq brise-glace pour s’offrir la possibilitĂ© de basculer leurs forces du Pacifique vers l’Atlantique, avec l’amitiĂ© des Russes. Mon homologue norvĂ©gien, que j’ai rencontrĂ© en NorvĂšge au mois de mars, ne m’a pas parlĂ© de la flotte russe du Nord, basĂ©e juste Ă  cĂŽtĂ©, Ă  Mourmansk, mais de l’arrivĂ©e prochaine de la marine chinoise dans l’ocĂ©an Atlantique. BientĂŽt, il ne sera pas nĂ©cessaire d’aller en mer de Chine pour trouver des forces militaires chinoises. J’ai passĂ© les deux derniĂšres annĂ©es Ă  expliquer un peu partout que nous assistons Ă  un mouvement de rĂ©armement naval sans prĂ©cĂ©dent depuis la Seconde Guerre mondiale. En 2030, le tonnage de la marine chinoise sera 2,5 fois supĂ©rieur Ă  celui de la marine amĂ©ricaine qui, en dĂ©pit de ses efforts, restera stable, voire continuera Ă  se rĂ©duire, tandis que la flotte chinoise croĂźt de façon gĂ©omĂ©trique. En MĂ©diterranĂ©e aussi, certaines marines affichent des croissances de leurs tonnages Ă  trois chiffres de 2008 Ă  2030. Il aura fallu que les Turcs achĂštent aux Russes des missiles S-400 pour que les AmĂ©ricains renoncent Ă  leur donner les F-35 qui devaient Ă©quiper leurs deux porte-avions ! La question qui se pose, et que vous devez vous poser dans cette commission, est la suivante pourquoi tout ce monde rĂ©arme-t-il ? Pourquoi consacrer tant d’argent et d’énergie Ă  l’équipement des marines, alors mĂȘme que certains des pays concernĂ©s, notamment la Chine et la Turquie, sont d’abord des puissances continentales ? Quelles que soient les intentions des uns et des autres, cette Ă©volution est trĂšs rapide. LancĂ©e Ă  la fin des annĂ©es 2000, tandis que le monde continuait Ă  Ă©trenner les dividendes de la paix, elle signe un changement brutal du rapport de force, qui Ă©tait en notre faveur depuis des dĂ©cennies. La mer est un lieu oĂč, chaque jour, les puissances adverses sont au contact les unes des autres. Elles peuvent se regarder les yeux dans les yeux, sans bruits de bottes, sans franchir aucune frontiĂšre, sans signaux faibles, sans indice prĂ©curseur. En mer, les Russes sont rĂ©guliĂšrement Ă  moins de 2 000 mĂštres de nos navires ; leurs systĂšmes d’armes sont actifs, comme ils nous le font rĂ©guliĂšrement savoir en illuminant nos bĂątiments avec leurs radars de conduite de tir. Il faut avoir Ă  l’esprit que, pour un navire de combat, la diffĂ©rence entre basse et haute intensitĂ© ne tient qu’aux ordres reçus. DĂšs qu’il quitte sa base, un navire de guerre est apte Ă  toutes les missions pour lesquelles il est qualifiĂ© par son commandement organique. Les munitions sont Ă  bord, le stock de combat est Ă  bord, les marins sont entraĂźnĂ©s et qualifiĂ©s il n’y a plus qu’à donner un ordre, ce qui est une question de minutes et de transmissions. Ce rĂ©armement massif et ces comportements dĂ©sinhibĂ©s font de la mer un lieu de dĂ©monstration de force aujourd’hui, et en feront un lieu d’affrontement demain. J’en suis convaincu. Je l’ai dit aux Ă©lĂšves de l’École navale dĂšs ma prise de fonctions. Ainsi s’expliquent mes efforts pour faire de la marine nationale une marine de combat. Dans ce contexte, il faut ĂȘtre en mesure de garantir notre libertĂ© d’action et de dĂ©fendre notre souverainetĂ© ainsi que nos intĂ©rĂȘts, dans un monde marquĂ© par l’accĂ©lĂ©ration du dĂ©sordre. À court terme, ma premiĂšre exigence est d’ĂȘtre capable de combattre avec les moyens dont nous disposons et d’en tirer les meilleurs bĂ©nĂ©fices. Le premier axe d’effort est interne. Il s’agit du durcissement de l’entraĂźnement, auquel nous procĂ©dons depuis deux ans, en menant des exercices plus exigeants et plus complexes. L’exercice Polaris 21 est le premier qui a consistĂ© Ă  opĂ©rer, pendant deux semaines, avec les rĂšgles d’entrainement beaucoup plus dures et proches du combat un bateau dĂ©truit quitte l’exercice, et quand il n’y a plus de missiles, on ne tire plus. Les bateaux ont jouĂ© avec leur vrai stock de missiles impossible de ressusciter » ou de recharger. Nous avons tirĂ© des enseignements incroyables de cet exercice, qui au demeurant a Ă©tĂ© immĂ©diatement trĂšs profitable. Lorsque nous avons dĂ», quelques mois plus tard, envoyer le GAN au contact des Russes, nous savions ce qu’il fallait faire et ce qu’il ne fallait pas faire. Il s’agit Ă©galement de dĂ©velopper la force morale des marins, qui dĂ©termine, comme l’a rappelĂ© le PrĂ©sident de la RĂ©publique dans son discours Ă  l’hĂŽtel de Brienne le 13 juillet, leur courage et leur ingĂ©niositĂ©, ainsi que leur capacitĂ© Ă  tirer le meilleur de leurs systĂšmes d’armes. Elle est dĂ©cisive dans les actions de combat, comme celle menĂ©e au Sahel il y a deux ans par nos commandos marine, qui sont morts pour sauver nos concitoyens. Elle l’est aussi au quotidien, par exemple dans la bravoure dĂ©montrĂ©e lors d’opĂ©rations de sauvetage. Le 5 juillet 2021, il ne faisait pas beau en Atlantique. Dans des creux de sept mĂštres, nous avons envoyĂ© un Ă©quipage de sept personnes chercher un voilier Ă  150 nautiques, soit 300 kilomĂštres, de Brest. Pendant l’opĂ©ration de treuillage, le cĂąble de l’hĂ©licoptĂšre a cassĂ©. Notre plongeur Ă©tait dans la mer dĂ©montĂ©e, de nuit. L’hĂ©licoptĂšre a larguĂ© un deuxiĂšme canot, oĂč notre plongeur a ramenĂ© tout le monde pour attendre l’arrivĂ©e d’un autre hĂ©licoptĂšre quatre heures aprĂšs. VoilĂ  comment s’incarne la force morale de nos marins au quotidien. Le deuxiĂšme axe d’effort est externe. Nous devons aller chercher, dans la coopĂ©ration avec nos alliĂ©s, ce qui nous manque, pour parvenir Ă  la masse critique. Pour ce faire, il faut continuer Ă  dĂ©velopper l’interopĂ©rabilitĂ© de nos systĂšmes, d’autant que l’accĂ©lĂ©ration technologique la rend plus complexe. Il faut que les systĂšmes se parlent et que les armes soient compatibles. Nous devons prĂ©parer la capacitĂ© Ă  combattre ensemble. Contre la marine chinoise, nous gagnerons si nous nous battons ensemble, en coalition. Les exemples offerts par l’Histoire sont clairs depuis 1870, la France n’a jamais combattu seule un adversaire de rang supĂ©rieur ou Ă©gal. Foch a d’ailleurs dĂ©clarĂ© J’ai beaucoup moins d’admiration pour NapolĂ©on depuis que j’ai dirigĂ© une coalition ». Le temps capacitaire impose une vision Ă  long terme. Les cinq derniĂšres annĂ©es ont permis d’avancer grĂące Ă  la constance des budgets et Ă  la continuitĂ© de la volontĂ© politique, l’indispensable rĂ©paration a commencĂ©. Mais la remontĂ©e est longue, si bien que, malgrĂ© tout ce qui a Ă©tĂ© fait – et dont je suis profondĂ©ment reconnaissant –, la marine va continuer de voir sa taille diminuer pendant les deux prochaines annĂ©es. Depuis 1945, la marine n’a jamais Ă©tĂ© aussi petite qu’aujourd’hui. NĂ©anmoins, l’annĂ©e 2022 a Ă©tĂ© riche de belles rĂ©ussites, et elle a montrĂ© la qualitĂ© de notre industrie, de notre direction gĂ©nĂ©rale de l’armement DGA et de nos armĂ©es. Le Suffren, qui vient d’ĂȘtre admis au service actif en prĂ©sence du ministre des ArmĂ©es, SĂ©bastien Lecornu. Il est l’outil de combat par excellence face Ă  un ennemi symĂ©trique. Il possĂšde deux capacitĂ©s diffĂ©rentielles essentielles que n’avaient pas les sous-marins prĂ©cĂ©dents il peut frapper loin et discrĂštement, avec des missiles de croisiĂšre – c’est une premiĂšre en France – et conduire une opĂ©ration spĂ©ciale en plongĂ©e, grĂące au hangar de pont qui peut hĂ©berger des commandos ou des drones. Ce bateau a un panel d’actions bien plus important que ses prĂ©dĂ©cesseurs. Nous avons Ă©galement reçu cette annĂ©e la sixiĂšme frĂ©gate multimissions FREMM, la Normandie, qui a Ă©tĂ© admise au service actif. En novembre 2021, le patrouilleur Auguste Benebig – du nom d’un compagnon de la LibĂ©ration –, qui est destinĂ© Ă  servir outre-mer, a Ă©tĂ© mis Ă  l’eau. Il est parti pour ses essais cette semaine et il arrivera en Nouvelle-CalĂ©donie dĂ©but 2023. Enfin, le Jacques Chevallier, le premier bĂątiment ravitailleur de forces BRF, a Ă©tĂ© mis Ă  l’eau le 29 avril 2022 et il commencera ses essais en novembre. Comment gagner le match qui s’annonce ? Tout d’abord, il faut maintenir le cap et tenir la ligne les choix structurants et ceux des grandes capacitĂ©s de la marine sont les bons. Il faut ĂȘtre persĂ©vĂ©rant et savoir attendre. Il reste des capacitĂ©s que nous devons impĂ©rativement lancer pour garantir la cohĂ©rence de nos contrats opĂ©rationnels – ce sera votre travail les bĂątiments de guerre des mines, qui pourraient prĂ©senter un intĂ©rĂȘt en mer Noire ; les patrouilleurs ocĂ©aniques, qui vont remplacer nos A69 ; le successeur de l’Atlantique 2 ATL 2, qui est en discussion ; le futur porte-avions, qui devra succĂ©der au Charles de Gaulle en 2037 ; ou encore les SNLE 3G, dont les premiĂšres piĂšces seront usinĂ©es cet automne. En l’état de la menace, il faut Ă©paissir et accĂ©lĂ©rer. Épaissir, d’abord, lĂ  oĂč il est intelligent et possible de le faire. La prioritĂ©, pour toutes les armĂ©es, c’est de faire un effort sur les munitions. Les stocks doivent ĂȘtre adaptĂ©s Ă  un contexte international plus exigeant et plus incertain. AccĂ©lĂ©rer, ensuite, par l’innovation. Nos plateformes doivent Ă©voluer au rythme de la technologie, et pas seulement tous les vingt ans, comme c’est le cas actuellement, avec des rĂ©novations Ă  mi vie. Pour la marine, l’économie de guerre, c'est la capacitĂ© de l’industrie Ă  booster la performance des systĂšmes d’armes actuels et Ă  rĂ©pondre Ă  des besoins opĂ©rationnels nouveaux dans un temps court les drones ; le traitement de masse des donnĂ©es, avec les jumeaux numĂ©riques embarquĂ©s ; le maintien en condition opĂ©rationnelle MCO prĂ©dictif ; les armes Ă  Ă©nergie dirigĂ©e. Pour dĂ©truire un drone, je prĂ©fĂšre utiliser un laser de puissance Ă  50 000 euros que tirer un Aster 15 Ă  1 million. C’est cela, le principe de rĂ©alitĂ©. Enfin, la solution vient aussi de nos marins. La marine recrute et forme chaque annĂ©e 4 000 marins. Il est vital pour l’avenir, et c’est une rude bataille, de crĂ©er un Ă©tat d’esprit et de former Ă  des mĂ©tiers en cohĂ©rence avec la technicitĂ© trĂšs Ă©levĂ©e de nos systĂšmes. Un marin qui rentre dans la marine avec un bac professionnel en Ă©lectricitĂ© peut devenir, en quelques annĂ©es, un opĂ©rateur de rĂ©acteur nuclĂ©aire. On ne voit pas souvent ce genre de parcours dans la sociĂ©tĂ© civile. Dans un contexte Ă©conomique trĂšs demandeur de nos talents, il faut aussi fidĂ©liser les compĂ©tences rares que nous gĂ©nĂ©rons. C’est un enjeu crucial pour nous, dans une logique de compĂ©tition avec le secteur privĂ©. Je vois rĂ©guliĂšrement cette jeunesse dans nos Ă©coles, que je visite plusieurs fois par an. Ces 4 000 jeunes nouveaux marins sont pleins d’allant et ils savent pourquoi ils viennent chez nous. Je suis vraiment admiratif de leur Ă©nergie et j’ai ƓuvrĂ© personnellement pour que 80 des 3 000 jeunes en prĂ©paration militaire marine dĂ©filent cette annĂ©e sur les Champs-ÉlysĂ©es, en plus de l’école des mousses. Le ferment de la conscience nationale, Ă©voquĂ© par le PrĂ©sident de la RĂ©publique, se trouve lĂ  c’est ce que nous pouvons offrir Ă  notre jeunesse. Soyez assurĂ©s de notre engagement pour dĂ©velopper nos dispositifs et participer ainsi, au-delĂ  de notre recrutement, Ă  l’ambition nationale pour la jeunesse. Pour reprendre les mots du PrĂ©sident de la RĂ©publique, la guerre resurgissant Ă  nos portes, Ă  nos frontiĂšres, a tout changĂ©. Et elle va nous impliquer de changer encore davantage. ». Cela demande un esprit combatif, d’avoir une ambition lucide et rĂ©aliste, d’avoir du courage et de la persĂ©vĂ©rance, de savoir inventer et imaginer. Il ne faut jamais dĂ©sespĂ©rer de notre talent, dirait Marc Bloch. Lorsqu’on dit d’une chose qu’elle est impossible, qu’il y a des objections insurmontables, alors il est temps, disait l’amiral Fisher, First Sea Lord de la marine britannique pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, de se battre comme un diable. Les temps qui sont devant nous vont ĂȘtre durs. Notre responsabilitĂ© vis-Ă -vis des gĂ©nĂ©rations futures est historique. Il est donc temps de se battre comme des diables. M. Yannick Chenevard. Richelieu, un terrien qui avait une vision maritime tout Ă  fait intĂ©ressante, aurait dit, quant Ă  lui, que les larmes ont un goĂ»t salĂ© pour rappeler aux souverains dĂ©chus la mer qu’ils ont nĂ©gligĂ©e. Vous l’avez dit, le rĂ©armement naval est gĂ©nĂ©ral. Il faut certes du temps pour construire une marine, mais le mouvement est lancĂ©. Quand on rĂ©flĂ©chit Ă  la question du format, il faut envisager la possibilitĂ© d’ĂȘtre engagĂ©s sur plusieurs zones en mĂȘme temps, qu’il s’agisse de la MĂ©diterranĂ©e, de l’Indopacifique ou des passages du Nord. Pensez-vous que nous aurions besoin d’une flotte auxiliaire, rattachĂ©e Ă  notre marine ? Pouvez-vous nous dire un mot du ou des porte-avions de demain ? Quel est, selon vous, le format idĂ©al, compte tenu de nos capacitĂ©s budgĂ©taires, de nos capacitĂ©s de formation et de l’analyse des risques et des menaces ? Comment prĂ©server notre souverainetĂ© dans notre zone Ă©conomique exclusive ZEE, notamment en Asie-Pacifique ? Comment assurer une permanence de notre marine dans cette zone, par exemple Ă  partir de la Nouvelle-CalĂ©donie ? De quel type de bĂątiments, d’avions et de drones avons-nous besoin ? Enfin, vous l’avez dit, il n’y a pas de marine sans marins engagĂ©s et bien formĂ©s. Comment les garder et les fidĂ©liser ? Comment faire en sorte que les marins quittent le port sereinement, en sachant que les choses se passeront bien Ă  la maison ? M. Frank Giletti. Vos propos sont tout Ă  fait Ă©clairants mais pas forcĂ©ment rassurants. La mer Noire est une zone stratĂ©gique, un vĂ©ritable carrefour Ă©nergĂ©tique pour l’Europe, avec les dĂ©troits de Kertch et du Bosphore, et les millions de barils qui y circulent. Depuis 1853, la France s’y implique continuellement, dans une perspective de stabilitĂ©, mais Ă©galement pour promouvoir et protĂ©ger le droit des peuples Ă  disposer d’eux-mĂȘmes. Au fil du temps, elle a su nouer des liens et des alliances avec certains pays riverains, comme la Roumanie, la Bulgarie, l’Ukraine ou encore la GĂ©orgie. Depuis 2014, les conflits en MĂ©diterranĂ©e orientale, liĂ©s Ă  l’expansion de la Russie, bloquent les flux maritimes et interfĂšrent avec la prĂ©sence française en mer Noire, si bien que le dĂ©ploiement de nos capacitĂ©s en MĂ©diterranĂ©e orientale est rĂ©guliĂšrement source d’interactions avec les forces russes, qui comptent bien rĂ©investir la zone. Dans certaines zones particuliĂšrement contestĂ©es, seul le dĂ©ploiement d’un sous-marin permet Ă  la France d’ĂȘtre prĂ©sente et, depuis le 24 fĂ©vrier 2022, notre marine n’est plus prĂ©sente en mer Noire, car la convention de Montreux, rĂ©gissant le passage du dĂ©troit du Bosphore, permet Ă  la Turquie d’en bloquer l’accĂšs en cas de conflit. La France a-t-elle encore la volontĂ©, et surtout les moyens, de s’impliquer en MĂ©diterranĂ©e orientale pour maĂźtriser l’escalade de la violence, contrer l’hĂ©gĂ©monie russe dans ces territoires hautement stratĂ©giques et, Ă  terme, regagner la mer Noire, afin de protĂ©ger les flux maritimes commerciaux et Ă©nergĂ©tiques qui l’empruntent ? La volontĂ© de la Russie de revenir en MĂ©diterranĂ©e orientale et ses relations privilĂ©giĂ©es avec la Turquie, l’AlgĂ©rie et l’Égypte, qui sont des acteurs rĂ©gionaux majeurs, ne doivent-elles pas nous faire craindre une Ă©ventuelle implantation de la marine russe dans la partie occidentale de la MĂ©diterranĂ©e ? M. AurĂ©lien Saintoul. La France insoumise accorde Ă  la mer et aux forces que nous y dĂ©ployons pour en ĂȘtre les gardiens beaucoup d’importance. Nous avions bien notĂ© que le format de notre marine n’est pas encore adĂ©quat Ă  ses besoins. Vous-mĂȘme n’avez jamais cachĂ© Ă  la reprĂ©sentation nationale les trous capacitaires que nous devons compenser et avec lesquels nous devrons composer. La situation n’est pas rose. Le programme de remplacement des ATL 2 est ensablĂ© et le partenaire allemand est pour le moins incertain. Les bĂątiments ravitailleurs de forces commencent Ă  arriver, mais ce programme s’étend, en thĂ©orie, jusqu’en 2029. En matiĂšre de guerre des mines, les capacitĂ©s sont Ă©galement en vue, mais les besoins sont importants et les premiers drones ne devraient ĂȘtre opĂ©rationnels qu’en 2024. S’agissant des munitions, vous avez Ă©voquĂ© les arbitrages Ă  faire en comparant le prix d’un Aster Ă  celui d’un laser de puissance. Le rapport budgĂ©taire de 2021 soulignait justement le manque d’Aster, de missiles de croisiĂšre navals MdCN et de MM40. Il posait Ă©galement la question des Alouette III, qui doivent finir leur service et qui seront bientĂŽt remplacĂ©es par une flotte intĂ©rimaire. Comment se fait-il qu’un aussi grand nombre de trous capacitaires affecte ainsi notre sĂ©curitĂ© ? Comment pouvons-nous tenter de les pallier ? La prochaine loi de programmation militaire pourrait-elle apporter une rĂ©ponse ? Quel regard portez-vous sur le projet esquissĂ© par Naval Group de dĂ©velopper une filiĂšre d’excellence de sous-marins et de drones ? RĂ©pond-il, selon vous, Ă  un besoin de nos armĂ©es ? Et si oui, lequel ? M. Jean-Louis ThiĂ©riot. Quelles leçons tirez-vous du conflit ukrainien en matiĂšre de stratĂ©gie navale ? La convention de Montreux nous interdit de faire passer des sous-marins en mer Noire, et il nous est donc difficile d’envoyer certains capteurs, mais peut-on dire que ce serait bien un missile Neptune tirĂ© depuis la terre qui a coulĂ© le croiseur Moskva ? Face aux menaces, le PrĂ©sident de la RĂ©publique a fort justement employĂ© l’expression d’ Ă©conomie de guerre ». Que peut attendre la marine de cette Ă©conomie de guerre ? OĂč se trouve le juste Ă©quilibre entre la masse et la technologie ? Le soutien apportĂ© aux nouvelles technologies est une excellente chose, mais il ne faudrait pas qu’il aboutisse Ă  rĂ©duire le nombre de coques permettant de tenir le contrat opĂ©rationnel. On a vu, au cours de l’exercice Polaris, que certains bateaux allaient en mer sans avoir nĂ©cessairement un stock de munitions complet. Comment remettre Ă  niveau nos bateaux pour qu’ils soient prĂȘts Ă  faire face Ă  des conflits de haute intensitĂ©, susceptibles de se dĂ©clencher en dix minutes, en mer ? M. Vincent Bru. La mer est devenue objet de souverainetĂ© et l’on assiste Ă  ce que vous avez appelĂ© la derniĂšre territorialisation de la planĂšte. Dans ce nouveau champ de conflictualitĂ©, la marine a une responsabilitĂ© particuliĂšre Ă  assumer, que le lĂ©gislateur doit accompagner. Le groupe DĂ©mocrate salue votre dĂ©termination Ă  faire confiance aux jeunes au sein de notre marine. Ils sont nos talents d’aujourd’hui comme de demain, et nous devons nous appuyer sur eux. Le porte-avions Charles de Gaulle, que vous avez commandĂ©, est le seul dont la France dispose. Il est mobilisĂ© dans de nombreuses missions et opĂ©rations. Or le maintien en condition de ce bĂątiment essentiel le rend rĂ©guliĂšrement indisponible, alors mĂȘme que les menaces s’accroissent en MĂ©diterranĂ©e et dans la zone indopacifique. Entre un deuxiĂšme porte-avions et l’affectation du budget Ă©quivalent Ă  la construction de frĂ©gates, de drones ou de patrouilleurs, quel choix vous paraĂźtrait le plus pertinent ? Mme MĂ©lanie Thomin. Au fil des auditions, nous prenons conscience du caractĂšre global de la crise et de notre vulnĂ©rabilitĂ©. La guerre en Ukraine marque un tournant dans la pĂ©riode de paix Ă  laquelle nous Ă©tions accoutumĂ©s. Selon la DGA, nos installations militaires sont potentiellement scrutĂ©es par des forces Ă©trangĂšres, en particulier avec des drones qui connaissent une montĂ©e en puissance. Dans le FinistĂšre, la base sous-marine de l’üle Longue, qui abrite les quatre sous-marins lanceurs d’engins français, aurait fait l’objet de survols. Six navires militaires russes auraient transitĂ© par la mer du Nord et la Manche, en direction de l’ocĂ©an Atlantique et de la mer d’Iroise, pour un exercice militaire ; la prĂ©fecture maritime a confirmĂ© le passage, de nuit, dans le dĂ©troit du Pas-de-Calais, d’un bĂątiment russe dont on pense qu’il collectait des renseignements. On parle aussi de sous-marins nuclĂ©aires russes transitant Ă  quelques kilomĂštres des cĂŽtes françaises. Comment la marine nationale s’adapte-t-elle pour assurer la sĂ©curitĂ© de la base de l’üle Longue et, plus globalement, la protection de nos cĂŽtes ? Face Ă  d’éventuelles intrusions de drones, comment nous assurons-nous de la sĂ©curitĂ© de nos sites stratĂ©giques, devenue particuliĂšrement cruciale depuis le dĂ©clenchement de la guerre en Ukraine ? M. Jean-Charles Larsonneur. Quelles conclusions tirer du retour d’expĂ©rience de la guerre en Ukraine au regard des besoins capacitaires, de la doctrine, voire d’inflexion de la LPM ? Que signifie, pour la marine, l’économie de guerre ? La marine amĂ©ricaine investit massivement dans les drones ocĂ©aniques, qui sont l’équivalent de SNA ou de SNLE dronisĂ©s – un bĂątiment de 48 mĂštres vient d’ĂȘtre lancĂ© et testĂ©. La France a-t-elle vocation Ă  dĂ©velopper ces drones ocĂ©aniques ? À quel rythme ? Selon quelle doctrine ? Pourraient-ils ĂȘtre un tournant pour la marine de demain ? Nous avons ratĂ© le tournant des drones aĂ©riens dans les annĂ©es 2000. Nous aurons bientĂŽt un eurodrone MALE Medium Altitude Long Endurance, dont la pertinence peut ĂȘtre questionnĂ©e. Il ne faudrait pas que la marine nationale rate ce tournant-lĂ . Amiral Pierre Vandier. Les travaux de la LPM vont commencer. Nous allons recevoir les premiers cadrages financiers. Le CEMA est en train de fixer les prioritĂ©s pour rĂ©pondre aux demandes que le PrĂ©sident lui a adressĂ©es. Depuis 1990, le format de la marine a Ă©tĂ© rĂ©duit de moitiĂ©, mais tout l’art de mes prĂ©dĂ©cesseurs a consistĂ© Ă  en maintenir l’ensemble des capacitĂ©s clĂ©s sous une forme un peu plus fine. Deux capacitĂ©s tiennent toute la marine la force ocĂ©anique stratĂ©gique, qui ne peut souffrir aucune impasse car c’est la dimension non discrĂ©tionnaire du format de la marine ; le GAN et tout ce qu’il emporte en termes de puissance, de ravitaillement et de crĂ©dibilitĂ©, en particulier vis-Ă -vis de nos alliĂ©s. Le lancement du successeur du Charles de Gaulle devrait notamment intervenir au cours de ce quinquennat. Le Livre blanc de 2013 a fixĂ© le format de la marine pour 2030, qui reste la rĂ©fĂ©rence 15 frĂ©gates – 8 FREMM, 2 frĂ©gates de dĂ©fense antiaĂ©rienne FDA et 5 FDI –, la capacitĂ© d’opĂ©rer sur deux Ă  trois théùtres simultanĂ©s et une mission-cadre. Savoir s’il est suffisant est une question qui n’est pas de mon ressort et Ă  laquelle les travaux de la future LPM devront rĂ©pondre. La question d’un Ă©ventuel deuxiĂšme porte-avions doit s’inscrire dans ce cadre pour un horizon post-2040. Les porte-avions suscitent beaucoup de fantasmes. Ceux qui pensent que c’est de l’argent gaspillĂ© devraient commencer par convaincre ceux qui en construisent actuellement, notamment les Chinois et les Turcs, de s’en passer ! En Europe, les Britanniques et les Italiens en ont chacun deux ; en Asie, les CorĂ©ens en construisent un, les Japonais transforment leur porte-hĂ©licoptĂšres amphibies PHA en porte-F35, et les Indiens viennent de faire les essais Ă  la mer de leur deuxiĂšme porte-avions. Pourquoi les porte-avions ? Simplement parce que, dans ce retour du combat naval, comme c’est le cas Ă  terre, on ne gagne pas une bataille sans supĂ©rioritĂ© aĂ©rienne. Dans les annĂ©es 1990-2000, les porte-avions Ă©taient des outils de projection de puissance vers la terre, dans des espaces peu militarisĂ©s, comme l’Afghanistan, le Mali ou l’Irak. Aujourd’hui, on se retrouve face Ă  une densitĂ© de missiles et Ă  une puissance de feu considĂ©rables, et pour pouvoir envisager de remporter un combat naval, il faut avoir la supĂ©rioritĂ© aĂ©rienne. Dans l’ocĂ©an Indien, entre Djibouti et Bombay, celle-ci n’est possible qu’avec les porte-avions – tout le monde l’a compris. Le principal frein Ă  l’extension du format de la marine est budgĂ©taire, pas industriel. Compte tenu des contraintes financiĂšres, le principal levier d’accĂ©lĂ©ration est l’innovation et la valorisation des plateformes. On ne peut plus attendre vingt ans pour changer le logiciel de combat d’un bateau – on espĂšre bientĂŽt remettre Ă  niveau celui du Chevalier Paul Aujourd’hui, pour la Marine, avoir une industrie en mode guerre, c’est ĂȘtre capable de cadencer de maniĂšre beaucoup plus rapide, comme cela a Ă©tĂ© trĂšs bien fait dans l’aĂ©ronautique, les Ă©volutions des systĂšmes d’armes de nos navires. Ceux-ci doivent disposer de capacitĂ©s Ă©volutives, se voir ajouter des optionnels de mission – comme on le fait pour le Rafale. En matiĂšre de drones, la marine n’est pas en reste. Nous avons menĂ© la premiĂšre opĂ©ration de lutte contre la drogue, en Atlantique, avec le Mistral et un drone Schiebel, qui est restĂ© quatre heures en vol, en alternance avec l’hĂ©licoptĂšre. Le potentiel de ce dernier est dĂ©multipliĂ© par le drone. Nous allons dĂ©sormais employer des drones pour toutes les missions qui n’impliquent pas d’emport d’armes. Nous disposerons de six drones Schiebel, qui sont en cours de certification. DĂšs cet Ă©tĂ©, nous dĂ©ployons le systĂšme de mini-drone marine SMDM, qui Ă©quipera les petits patrouilleurs, les avisos, les patrouilleurs outre-mer et leur permettra d’étendre jusqu’à une vingtaine de nautiques leur bulle de connaissances, en communication directe. Pour le futur, dans le cadre du programme avion de surveillance et d’intervention maritime » AVSIMAR, nous travaillons sur une combinaison du drone et de l’avion. Nous avons dĂ©jĂ  achetĂ© sept Falcon 2000. Les suivants pourront ĂȘtre renforcĂ©s ou complĂ©tĂ©s par des drones, qui opĂ©reront depuis la cĂŽte, pour la surveillance, Ă  l’instar des avions de patrouille maritime. Nous avons Ă©galement beaucoup avancĂ© sur les drones sous-marins. L’ensemble de la force de guerre des mines sera entiĂšrement dronisĂ© dans les vingt prochaines annĂ©es. Nous soumettons actuellement Ă  des essais le systĂšme de lutte antimines marines futur SLAMF. Nous opĂ©rons les drones depuis Brest. S’agissant des gros drones sous-marins, Naval Group a lancĂ© des Ă©tudes en vue d’élaborer un prototype. Nous Ă©tudions les concepts avec eux. Les drones se heurtent Ă  deux problĂšmes principaux. Le premier tient Ă  l’armement peut-on franchir la limite que constitue l’emploi d’un systĂšme d’armes lĂ©tales autonome SALA ? C’est un sujet sur lequel s’est penchĂ© le comitĂ© d’éthique de la dĂ©fense, instituĂ© Ă  l’initiative de Mme Parly. Confier des armes puissantes, voire, comme les Russes le prĂ©tendent, des armes nuclĂ©aires, Ă  des systĂšmes automatiques est pour le moins problĂ©matique. Je rappelle que la France avait souhaitĂ© dĂ©brancher les systĂšmes d’armement des premiers drones Predator qu’elle avait acquis afin qu’ils ne puissent ĂȘtre armĂ©s. Le second problĂšme est le systĂšme de communication, qui est le point faible du drone. Pour un drone avion, cela passe par le satellite ; si on brouille la liaison, on perd le contrĂŽle du drone. Sous la mer, les ondes radio ne passent pas une fois larguĂ©, le drone sous-marin doit avoir une forte part d’automatisme et il peut ĂȘtre perdu. Nous portons notre rĂ©flexion sur la coopĂ©ration entre le sous-marin et le drone sous-marin. Outre les nageurs de combat, on peut placer de nombreux matĂ©riels dans la valise de pont d’un sous-marin, ce qui ouvre des perspectives. J’ai beaucoup discutĂ©, rĂ©cemment, avec mon homologue amĂ©ricain sur la dronisation des flottes. Les États-Unis n’ont pas le potentiel pour accĂ©lĂ©rer leurs chantiers navals. Leur flotte de bateaux dronisĂ©s est confrontĂ©e Ă  deux difficultĂ©s la perte du contact avec le drone et le risque qu’une autre armĂ©e s’en empare. Les concepts ne sont pas encore complĂštement mĂ»rs. Les drones de surface pourraient, Ă  mon sens, jouer un rĂŽle d’accompagnateur des forces. Ils pourraient ĂȘtre dotĂ©s de systĂšmes de guerre Ă©lectronique et, Ă©ventuellement, de quelques armes, et aller 40, 50, 100 nautiques en avant, pour Ă©clairer et dĂ©fendre au loin une force aĂ©ronavale. Le dĂ©veloppement de ce systĂšme dĂ©pendra toutefois des crĂ©dits disponibles. On constate de trĂšs fortes rĂ©ductions temporaires de capacitĂ©s ; tous les segments de la marine sont concernĂ©s. On va descendre Ă  quatre SNA pour les deux prochaines annĂ©es, compte tenu du rythme de rĂ©paration des cinq sous-marins que nous dĂ©tenons et des livraisons des suivants. S’agissant des patrouilleurs, la cible va descendre Ă  50 % de ce qui est prĂ©vu pour 2030. Pour les patrouilleurs outre-mer, on remontera Ă  100 % en 2025. Par ailleurs, nous n’aurons que deux bĂątiments ravitailleurs de force BRF d’ici Ă  2029, au lieu de quatre. DĂšs lors, la question se pose faut-il encore dĂ©caler la mise en service des BRF et employer provisoirement des drones ? Ce sont des choix cornĂ©liens, qu’il conviendra de trancher cet automne. La convention de Montreux interdit Ă  un navire de plus de 20 000 tonnes d’entrer en mer Noire et autorise, pour une durĂ©e maximale de vingt et un jours, la prĂ©sence d’un bateau alliĂ©, qui est soumise Ă  dĂ©claration. La France est le dernier pays occidental Ă  avoir envoyĂ© un bateau de guerre en mer Noire. Nous en sommes sortis et nous n’y revenons actuellement plus, les Turcs ayant dĂ©clarĂ©, en application de la convention, le non-renforcement des belligĂ©rants – ce que nous ne sommes pourtant pas. Plus aucun pays de l’OTAN n’a depuis franchi le dĂ©troit du Bosphore. Le renforcement militaire gĂ©nĂ©ral a pour effet d’accroĂźtre la coercition potentielle. À titre d’exemple, nous avons escortĂ© un navire spĂ©cialisĂ©, qui avait obtenu un accord de prospection de forages pĂ©troliers au sud-ouest de Chypre. Les Turcs considĂ©rant que ces secteurs relĂšvent de leur souverainetĂ©, notre frĂ©gate s’est vue entourĂ©e par cinq frĂ©gates turques, ce qui in fine a dissuadĂ©s l’opĂ©rateur de poursuivre ses activitĂ©s dans ce secteur. Compte tenu de l’importance et de l’évolution du rapport de force, la coalition est essentielle. On dĂ©nombre autant de frĂ©gates en Europe que dans toute la marine amĂ©ricaine nous ne sommes donc pas seuls. Il est fondamental que nous coopĂ©rions avec les pays europĂ©ens. Je dĂ©ploie beaucoup d’énergie pour emmener mes camarades europĂ©ens dans le golfe de GuinĂ©e ou en missions de surveillance dans l’ocĂ©an Indien – opĂ©rations AGÉNOR et ATALANTA – afin que la marine française ne s’épuise pas Ă  assurer seule la sĂ©curitĂ© de tous. Nous cherchons par consĂ©quent Ă  renforcer la coopĂ©ration en Atlantique, en MĂ©diterranĂ©e, dans le golfe de GuinĂ©e et dans l’Indopacifique. Dans la perspective des Jeux olympiques, l’État a accompli un travail de fond pour faire face Ă  la menace des drones. Compte tenu de la gĂ©nĂ©ralisation des drones commerciaux, n’importe qui peut faire voler un drone quadri pales au-dessus des sites les plus sensibles. Des dispositifs ont Ă©tĂ© mis en place. À l’üle Longue, des brouilleurs de communications sont activĂ©s et des compagnies de gendarmes sont prĂ©sentes sur toute la zone pour rechercher et verbaliser les contrevenants. Par ailleurs, on commence Ă  dĂ©velopper des armes lĂ©tales antidrones. Cilas, Ă  OrlĂ©ans, dĂ©veloppe les premiĂšres tourelles antidrones, qui permettent leur destruction Ă  2 kilomĂštres de distance. Nous serons progressivement Ă  la hauteur de ces menaces, que nous prenons trĂšs au sĂ©rieux, y compris en mer. On a perdu de vue la flotte auxiliaire qui existait dans les annĂ©es 80 mais on en aura sans doute bientĂŽt besoin Ă  nouveau. La flotte de commerce a considĂ©rablement fondu depuis cette Ă©poque. Il faudra partir de ce qu’il reste de la flotte sous pavillon français. Peut-ĂȘtre faudra-t-il envisager d’affrĂ©ter des navires pour assurer l’assistance aux populations outre-mer. Nous aurons sans nul doute, dans une perspective de crise importante, besoin de pĂ©troliers, de navires de transport civils. En Ukraine, la partie navale du conflit a Ă©tĂ© peu Ă©voquĂ©e alors qu’elle a couvert peu ou prou tous les champs d’emploi d’une marine moderne. Au cinquiĂšme jour de la guerre, M. Poutine avait menacĂ© de consĂ©quences effroyables quiconque se mĂȘlerait de son opĂ©ration spĂ©ciale et, pour donner corps Ă  son propos, avait fait appareiller six SNLE, deux dans le Pacifique et quatre depuis Mourmansk, ce qui a permis de prendre conscience de l’intĂ©rĂȘt de disposer d’une force nuclĂ©aire indĂ©pendante. Puis la Russie a instaurĂ© un blocus en mer Noire, coulant deux bateaux ukrainiens et pas moins de onze navires de commerce. Elle a utilisĂ© des plateformes navales pour tirer des missiles de croisiĂšre. Face aux difficultĂ©s qu’elle rencontre en matiĂšre de stocks de munitions, elle utilise largement les stocks des bateaux et des sous-marins, comme en tĂ©moignent les frappes actuelles sur Odessa. On a Ă©galement eu un exemple de lutte antinavire avec les frappes de missiles qui ont occasionnĂ© la perte du Moskva, vitrine de la marine russe. Il a coulĂ© en quelques heures, preuve de la lĂ©talitĂ© et de la violence du combat naval. À cet Ă©gard, on peut rappeler que la marine anglaise a perdu 14 navires en 72 jours de conflit lors de la guerre des Malouines en 1982. Nous nous sommes prĂ©parĂ©s Ă  ce type de conflit au cours de l’exercice Polaris 21 et nous continuons Ă  nous y prĂ©parer. La marine recrute chaque annĂ©e prĂšs de 4 000 marins. Nous atteignons nos objectifs de recrutement chez les quartiers-maĂźtres, les officiers mariniers et, dans des proportions beaucoup plus larges encore, chez les officiers, pour lesquels le taux de sĂ©lection est excellent. Les Ă©coles tournent Ă  plein rĂ©gime. Mon prĂ©dĂ©cesseur avait fait ouvrir une deuxiĂšme Ă©cole de maistrance Ă  Toulon. L’enjeu RH actuel consiste surtout Ă  garder les compĂ©tences que nous avons créées. Un maĂźtre, opĂ©rateur de rĂ©acteur de sous-marin ĂągĂ© de 31 ans est payĂ© comme un technicien alors qu’il trouvera un emploi d’ingĂ©nieur chez EDF du jour au lendemain. Du fait du tassement des grilles indiciaires, la progression salariale est aujourd’hui extrĂȘmement faible entre un maĂźtre et un maĂźtre principal, il n’y a que 600 euros d’écart de leur solde de base. Les talents de la marine, comme les officiers de systĂšme d’armes, les nuclĂ©aristes, les personnels spĂ©cialisĂ©s en chimie, se voient offrir des ponts d’or dans le civil. La rĂ©munĂ©ration et les outils de fidĂ©lisation sont donc fondamentaux. Le PrĂ©sident de la RĂ©publique a affirmĂ© une ambition extrĂȘmement forte pour la jeunesse. La maniĂšre la plus rĂ©aliste et la plus rapide de rĂ©pondre dans un premier temps Ă  cette ambition est renforcer les dispositifs actuels service militaire volontaire SMV, prĂ©parations militaires marine, classes de dĂ©fense
 Nous pensons faisable de doubler rapidement le nombre de prĂ©parations militaires et d’ouvrir une deuxiĂšme Ă©cole de mousses, sur la façade mĂ©diterranĂ©enne. Une ambition beaucoup plus importante, de niveau ministĂ©riel, est portĂ©e dans le cadre du service national universel SNU et fait l’objet de travaux au niveau de l’EMA. M. Mikaele Seo. Vous avez Ă©voquĂ© la zone indopacifique – la PolynĂ©sie française et la Nouvelle-CalĂ©donie – mais vous avez oubliĂ© Wallis-et-Futuna. Quels sont les moyens de surveillance dĂ©ployĂ©s sur cette zone Ă©conomique de 250 000 kilomĂštres carrĂ©s ? Une surveillance s’exerce depuis la Nouvelle-CalĂ©donie, tous les trois mois, mais j’appelle votre attention sur la nĂ©cessitĂ© d’une plus grande rĂ©gularitĂ© et visibilitĂ© pour les autoritĂ©s locales. La Nouvelle-CalĂ©donie n’est pas Wallis-et-Futuna ! M. FrĂ©dĂ©ric Boccaletti. Comment la haute intensitĂ© en mer pourrait-elle se traduire ? Assistera-t-on au retour de la bataille navale du type Jutland ? Quelles consĂ©quences pour notre flotte ? Nos bateaux sont-ils bien protĂ©gĂ©s ? Sont-ils capables de prendre des coups et de les rendre ? Je pense en particulier Ă  ceux qui rĂ©pondent Ă  des normes civiles, comme les PHA et les frĂ©gates de surveillance. Plus globalement, quelles orientations devrions-nous prendre pour la marine ? L’accroissement du nombre de frĂ©gates de premier rang suffira-t-il ou n’est-ce qu’un premier pas ? M. Jean-Marie FiĂ©vet. Les ocĂ©ans couvrent 70 % de la planĂšte et la France dispose du deuxiĂšme espace maritime mondial avec 24 900 kilomĂštres de littoral et 11 millions de kilomĂštres carrĂ©s d’espace maritime que contrĂŽle et protĂšge la marine nationale dans ses trois dimensions – sous, sur et au-dessus de la mer. Compte tenu de cette gĂ©ographie et d’un spectre aussi large des opĂ©rations, depuis la police des pĂȘches jusqu’au Rafale marine, comment se structure le commandement des opĂ©rations ? Comment parvenez-vous Ă  l’adapter pour prĂ©server la paix et dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts français ? M. Yannick Favennec-BĂ©cot. Je souhaitais vous interroger sur les drones sous-marins, en particulier sur le dĂ©monstrateur que Naval Group a dĂ©veloppĂ© et qui pourrait ĂȘtre utilisĂ© pour patrouiller au large d’une base navale afin d’identifier d’éventuelles menaces ou de servir d’éclaireur pour un GAN, mais vous avez rĂ©pondu en grande partie Ă  mes interrogations. Mme Nathalie Serre. Vous avez Ă©galement rĂ©pondu Ă  mes interrogations suite aux questions de M. Larsonneur et M. Saintoul mais je tiens Ă  vous remercier pour la clartĂ© de vos propos et l’absence, salutaire, de langue de bois. Amiral Pierre Vandier. Wallis-et-Futuna reprĂ©sente 371 096 kilomĂštres carrĂ©s de zone Ă©conomique exclusive ZEE et participe donc aux 95 % de ZEE en indopacifique. Les territoires qui sont dans cette zone sont immenses puisque la carte de la PolynĂ©sie française est superposable sur celle de l’Europe. Les moyens de surveillance dont nous disposons se bornent, quant Ă  eux, Ă  deux avions de patrouille maritime et quatre bateaux de surface c’est indĂ©niablement limitĂ©. Pour cette raison, depuis des annĂ©es, nous dĂ©veloppons notre renseignement spatial. Un bateau de pĂȘche est pourvu d’un radar et d’un Automatic Identification System AIS permettant de l’identifier par satellite. Nous travaillons avec une start-up capable de nous dire lorsqu’il a Ă©tĂ© coupĂ©, ce qui permet d’envoyer nos unitĂ©s au bon endroit au bon moment. Le dĂ©fi Ă  venir est d’ĂȘtre en mesure de faire face Ă  une pression prĂ©datrice qui augmente au cours du temps. La France n’ayant pas les moyens de multiplier les patrouilleurs, nous devons nous montrer dissuasifs, ĂȘtre capables de tomber sur les bons clients et d’aller jusqu’au bout, notamment, jusqu’à la mise en Ɠuvre des sanctions judiciaires. Le PrĂ©sident de la RĂ©publique a d’ailleurs soulignĂ© l’importance du dĂ©veloppement des juridictions en haute mer Biodiversity Beyond National Jurisdiction, BBNJ. La surveillance des espaces maritimes relĂšve donc de plusieurs outils les satellites, les drones, les moyens aĂ©riens et maritimes. Il est certain, toutefois, que vous ne voyez pas souvent passer nos unitĂ©s Ă  Wallis-et-Futuna. J’imagine Ă  regret que certains PolynĂ©siens n’ont pas vu passer de bateaux depuis plusieurs annĂ©es compte-tenu de l’étendue de la zone. S’agissant de la haute intensitĂ©, je rappelle qu’en 39-45, les ponts blindĂ©s de dix centimĂštres d’acier Krupp n’ont pas empĂȘchĂ© des croiseurs de combat d’ĂȘtre coulĂ©s. Le Bismarck gĂźt Ă  4 000 mĂštres de fond au large de Brest ; le croiseur le plus imposant de la flotte japonaise, le Yamato, a quant Ă  lui Ă©tĂ© coulĂ© par l’aĂ©ronavale amĂ©ricaine. La supĂ©rioritĂ© aĂ©rienne est essentielle car il est toujours plus facile de risquer un avion qu’un croiseur. Elle est effective lorsque l’on est capable d’envoyer un Rafale Ă  1 000 nautiques – 2 000 kilomĂštres – d’un porte-avions pour menacer une flotte adverse, avec un risque mesurĂ©. Les combats de frĂ©gates avec des missiles relĂšvent, quant Ă  eux, du combat d’escrime c’est le plus agile, le plus rapide et le mieux dĂ©fendu qui l’emporte, mais il y a des coups Ă  prendre. La rĂ©sistance de nos dispositifs repose donc sur la profondeur de notre action et sur la qualitĂ© de nos systĂšmes d’armes. Les forces navales sont des bulles de dĂ©ni d’accĂšs et d’interdiction de zone Anti-Access/Area Denial, A2/AD les plus denses jamais mises en Ɠuvre. Un GAN français peut ainsi avoir en stock plusieurs dizaines, voire centaines, de missiles antiaĂ©riens au sein de la force. La question n’est donc pas celle de l’épaisseur du blindage mais de la capacitĂ© Ă  frapper et Ă  neutraliser des missiles adverses. Plus personne ne dĂ©fend un bateau avec de la tĂŽle blindĂ©e ! Souvenez-vous de l’USS Stark, qui a Ă©tĂ© frappĂ© par un Exocet pendant la guerre du Golfe, ou des bateaux anglais qui ont brĂ»lĂ© lors de la guerre des Malouines ! C’est en tapant loin et fort, en neutralisant les missiles, que l’on peut se dĂ©fendre. Dans le high-low mix entre bateaux sophistiquĂ©s et plus simples, les exigences du combat sont claires il faut pour cela des bateaux haut de spectre », bien dĂ©fendus et susceptibles d’agir loin. En revanche, la surveillance de la ZEE nĂ©cessite de disposer de navires plus petits, qui puissent aller loin et qui soient les moins chers possible. Lorsque j’ai pris mes fonctions, il y a deux ans, j’ai rĂ©flĂ©chi avec l’état-major de la Marine pour dĂ©terminer si une rĂ©organisation Ă©tait nĂ©cessaire. En effet, les grandes lignes de l’organisation actuelle de la marine reposent toujours sur le plan Optimar 95 » de l’amiral Coatanea. Nous avons conclu de cette rĂ©flexion que, compte tenu de notre taille limitĂ©e, nous n’avions actuellement pas de meilleure organisation que celle de quatre forces organiques les sous-marins, la force d’action navale, les fusiliers-commandos et l’aĂ©ronautique navale. AprĂšs les opĂ©rations de maĂźtrise des fonds marins OMFM, nous nous sommes interrogĂ©s sur la nĂ©cessitĂ© de recrĂ©er une force d’intervention sous la mer distincte de la force d’action navale, mais nous avons conclu que ce n’était pas souhaitable compte tenu des fortes contraintes de personnels et d’infrastructures. Un changement de structure supposerait en effet un vaste changement de taille de la Marine. Les problĂšmes auxquels je suis confrontĂ© ne sont pas les mĂȘmes que ceux de mes prĂ©dĂ©cesseurs, dans les annĂ©es 1970. Aujourd’hui, les personnels sont employĂ©s de façon beaucoup plus matricielle. Diviser Ă  nouveau les organisations actuelles nĂ©cessiterait de retrouver des marges de manƓuvre RH que je n’ai pas. La partie opĂ©rationnelle, quant Ă  elle, relĂšve du CEMA et de sa chaĂźne de commandement sous-chef d’état-major OpĂ©rations, Centre de planification et de conduite des opĂ©rations CPCO, contrĂŽleurs opĂ©rationnels OPCONERS. Le CEMA a notamment lancĂ© un certain nombre de rĂ©flexions autour de l’adaptation de ces chaines de commandement aux nouvelles conflictualitĂ©s. Pour ce qui relĂšve de l’Action de l’État en Mer », notre organisation repose sur nos prĂ©fets maritimes de Brest, Toulon et Cherbourg, puis, en outremer, les commissaires du Gouvernement assistĂ©s des commandants de zone maritime. Cette structure a Ă©tĂ© assez rĂ©cemment Ă©valuĂ©e par un rapport de la Cour des comptes de juin 2019. Je suis convaincu que notre organisation est bonne, adaptĂ©e, et qu’il n’y a pas lieu de la remettre en cause. M. AurĂ©lien Saintoul. Lors d’une visite sur le théùtre de l’opĂ©ration AGÉNOR, j’ai entendu dire que la mobilisation de la coalition Ă©tait trĂšs difficile. Il en est de mĂȘme s’agissant de la coopĂ©ration industrielle, en l’occurrence avec l’Allemagne, dans le cadre du programme Maritime Airborne Warfare System MAWS. Quel bilan tirez-vous en matiĂšre de coopĂ©ration opĂ©rationnelle et industrielle ? S’agissant d’AGÉNOR, le peu d’allant des Pays-Bas a Ă©tĂ© Ă©voquĂ©, quoiqu’ils aient Ă©tĂ© les premiers bĂ©nĂ©ficiaires de cette mission. A-t-on affaire Ă  des partenaires un peu rĂ©ticents ? Amiral Pierre Vandier. L’opĂ©ration AGÉNOR a Ă©tĂ© lancĂ©e alors que nous craignions une dĂ©gradation sĂ©curitaire importante dans le dĂ©troit d’Ormuz un drone amĂ©ricain MQ-4 avait Ă©tĂ© abattu par un missile iranien Buk et des incidents se sont produits sur plusieurs navires de commerce. La France a pris l’initiative de lancer cette opĂ©ration. L’état-major Ă©tait aux Émirats arabes unis et la gĂ©nĂ©ration de forces » a Ă©tĂ© plutĂŽt satisfaisante, avec une bonne implication des EuropĂ©ens, notamment les Belges, les Danois et les Italiens. L’Union EuropĂ©enne a engagĂ© le chantier des Coordinated Maritime Presences CMP, dont l’objectif est de coordonner l’activitĂ© des marines europĂ©ennes dans l’ocĂ©an Indien. À Brest, nous assurons avec beaucoup de succĂšs la partie renseignement de la mission ATALANTA. J’espĂšre que, dans un proche avenir, l’ensemble des missions dans cette zone – ATALANTA, dans le golfe d’Aden, contre les actes de piraterie, et AGÉNOR – seront fusionnĂ©es au sein d’une mĂȘme structure de commandement sous la supervision de l’état-major opĂ©ratif, qui est aujourd’hui en Espagne. Avec la fin de l’approvisionnement en gaz russe, nous assistons Ă  la dĂ©continentalisation de notre approvisionnement en Ă©nergie. Je constate plus d’appĂ©tit de mes partenaires europĂ©ens pour sĂ©curiser les approches ils ont tout intĂ©rĂȘt Ă  ĂȘtre prĂ©sents sur les routes maritimes d’approvisionnement, en MĂ©diterranĂ©e orientale MÉDOR, en mer Rouge, Ă  Bab-el-Mandeb, dans le golfe d’Aden et, surtout, au dĂ©troit d’Ormuz. Avec l’Allemagne, j’ai pu constater une rĂ©elle motivation du nouveau chef d’état-major allemand qui m’a confiĂ© qu’il est prĂȘt Ă  rĂ©flĂ©chir aux voies et moyens de nous rejoindre dans ces missions. Mes Ă©changes avec la marine italienne sont Ă©galement encourageants. En Ă©tant plus nombreux, nous pourrons songer Ă  des redĂ©ploiements de moyens pour ĂȘtre prĂ©sents sur d’autres missions ou durcir notre prĂ©sence dans des zones sensibles sans devoir abandonner le contrĂŽle de certains espaces. Toujours avec la marine allemande, d’autres coopĂ©rations sont en cours, notamment autour de l’hĂ©licoptĂšre NH90. Nous Ă©tudions Ă©galement un projet de dĂ©veloppement d’un avion de patrouille maritime commun. L’avenir de ce projet est toutefois rendu incertain du fait de leur dĂ©cision unilatĂ©rale d’acheter cinq avions amĂ©ricains, des P-8 PosĂ©idon, et du projet d’en acquĂ©rir trois autres. Leur volontĂ© de s’équiper dans le cadre d’un programme commun mĂ©rite donc d’ĂȘtre confirmĂ©e. Pour la France, nous sommes au money-time », oĂč tout se joue, puisque la durĂ©e de vie de l’ATL 2 est limitĂ©e par celle de ses moteurs, les turbines Tyne, les mĂȘmes que celles des Transall, qui viennent de prendre leur retraite. Nous devrons donc remplacer cet avion afin d’assurer la continuitĂ© des missions de soutien de la dissuasion. Avec la Royal Navy, nous coopĂ©rons dans le cadre du projet Futur missile antinavire/Futur missile de croisiĂšre » FMAN/FMC conduit par One MBDA. Nous espĂ©rons une issue positive pour ce successeur du missile systĂšme de croisiĂšre conventionnel autonome Ă  longue portĂ©e » SCALP et de l’Exocet. La coopĂ©ration est Ă©galement importante dans le cadre du systĂšme de combat aĂ©rien du futur SCAF, dont la version navale est destinĂ©e au futur porte-avions. Je ne dĂ©velopperai pas les questions relatives aux progrĂšs de cette coopĂ©ration. Enfin, Naval Group travaille Ă  l’European Patrol Corvette, programme espagnol, italien et français qui pourrait permettre de fournir un successeur aux frĂ©gates de surveillance outre-mer, aujourd’hui faiblement armĂ©es, Ă  partir de la fin de la dĂ©cennie. Compte tenu du rĂ©armement naval en cours en ocĂ©an Indien et Pacifique, nous aurons effectivement besoin de bateaux militairement plus crĂ©dibles. M. LoĂŻc Kervran, prĂ©sident. Nous sommes ravis, amiral, par cette premiĂšre rencontre de la lĂ©gislature avec vous et nous vous remercions pour la qualitĂ© et la franchise de vos propos. La sĂ©ance est levĂ©e Ă  dix heures quarante. * * * Membres prĂ©sents ou excusĂ©s PrĂ©sents. - M. Christophe Bex, M. FrĂ©dĂ©ric Boccaletti, M. Hubert Brigand, M. Vincent Bru, M. Yannick Chenevard, Mme Caroline Colombier, M. Jean-Pierre Cubertafon, M. Yannick Favennec-BĂ©cot, M. Jean-Marie FiĂ©vet, Mme StĂ©phanie Galzy, M. Frank Giletti, M. Christian Girard, M. JosĂ© Gonzalez, M. Laurent Jacobelli, M. LoĂŻc Kervran, M. Jean-Charles Larsonneur, Mme Lysiane MĂ©tayer, Mme Anna Pic, M. François Piquemal, M. Lionel Royer-Perreaut, M. AurĂ©lien Saintoul, M. Mikaele Seo, Mme Nathalie Serre, M. MichaĂ«l Taverne, M. Jean-Louis ThiĂ©riot, Mme MĂ©lanie Thomin ExcusĂ©s. - M. Xavier Batut, M. Julien Bayou, Mme YaĂ«l Braun-Pivet, M. Steve Chailloux, Mme Cyrielle Chatelain, Mme Martine Etienne, M. Emmanuel Fernandes, M. Thomas Gassilloud, Mme Anne Genetet, M. David Habib, M. Bastien Lachaud, M. Olivier Marleix, Mme Pascale Martin, M. Pierre Morel-À-L'Huissier, Mme ValĂ©rie Rabault, M. Fabien Roussel, Mme Isabelle Santiago

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Agressions, vols, violences urbaines, le Peloton d'intervention de la gendarmerie enchaßne les interventionsMis à jour le 4 mars 2022, publié le 4 mars 2022
100jours avec les gendarmes de Normandie - 15 avril, découvrez les vidéos TV, SVOD sur Télé-Loisirs
De nombreux cambriolages en sĂ©rie ont Ă©tĂ© observĂ©s ces huit derniers mois en Basse-Normandie, Bretagne et Auvergne. Le rĂ©seau disposait d'une base arriĂšre dans le nord de la rĂ©gion parisienne. 7 personnes sont mises en examen. AprĂšs huit mois d'enquĂȘte les gendarmes sont venus Ă  bout de cette bande organisĂ©e qui opĂ©raient dans la rĂ©gion mais aussi en Bretagne et en Auvergne. Mardi dernier, le 2 juin, la section de recherches de Caen appuyĂ©e par plusieurs dizaines de gendarmes a procĂ©dĂ© Ă  l'interpellation de sept individus de nationalitĂ© albanaise. Cette opĂ©ration s'inscrit dans le cadre d'une enquĂȘte suivie par la Juridiction Inter-RĂ©gionale SpĂ©cialisĂ©e JIRS de Rennes pour vols en bande organisĂ©e, recels en bande organisĂ©e et association de malfaiteurs. Le mode opĂ©ratoire toujours le mĂȘme On se souvient des nombreux cambriolages observĂ©s dans l'agglomĂ©ration de Caen Ă  l'automne dernier anguerny, BiĂ©ville-Beuville, Thaon et d'autres avaient Ă©tĂ© touchĂ©s. Toujours Ă  la mĂȘme heure en fin de journĂ©e, dans des zones pavillonaires oĂč la population Ă©tait encore au travail Ă  cette heure-ci et les maisons vides. A chaque fois plusieurs maison Ă©taient fouillĂ©es et vidĂ©es. Les sĂ©ries se sont rĂ©pĂ©tĂ©es d'octobre 2014 Ă  fĂ©vrier 2015, selon les gendarmes. Ces cambriolages prĂ©sentaient des similitudes traces, habitations ciblĂ©es, crĂ©neaux horaires "et portaient essentiellement sur des bijoux et du numĂ©raire" . Un rĂ©seau trĂšs bien organisĂ© Les investigations conduites par la section de recherches de Caen avec l'appui de l'Office Central de Lutte contre la DĂ©linquance ItinĂ©rante OCLDI ont sur "la mise en cause de ressortissants albanais agissant en Ă©quipes Ă  tiroirs et disposant d'une base arriĂšre dans le nord de la rĂ©gion parisienne. AprĂšs plusieurs interpellations conduites en dĂ©but d'annĂ©e dans le cadre de procĂ©dures distinctes, une enquĂȘte est ouverte Ă  la JIRS de Rennes." 300 000 euros et 5 kg d'or L'opĂ©ration de police judiciaire sous la direction de la JIRS de Rennes est dĂ©clenchĂ©e le 2 juin 2015, en rĂ©gion parisienne, en Alsace et en Auvergne. "Sept personnes sont placĂ©es en garde-Ă -vue, les perquisitions amĂšnent la dĂ©couverte d'Ă©lĂ©ments matĂ©riels numĂ©raire, bijoux, matĂ©riel informatique en rapport direct avec les faits incriminĂ©s", expliquent les gendarmes. Une soixantaine de cambriolages ont Ă©tĂ© identifiĂ©s et le prĂ©judice total s'Ă©lĂšve Ă  plus de 300 000 euros avec une quantitĂ© d'or dĂ©robĂ© estimĂ©e Ă  au moins 5KG. Ce vendredi 5 juin 2015, les sept individus ont Ă©tĂ© mis en examen Ă  Rennes pour vols en bande organisĂ©e, recels en bande organisĂ©e et association de malfaiteurs. Cinq d'entre-eux sont Ă©crouĂ©s, les deux autres ont Ă©tĂ© placĂ©s sous contrĂŽle judiciaire.

Iln’y a pas qu’au V and B Fest’, qui se tiendra Ă  ChĂąteau-Gontier-sur-Mayenne du 26 au 28 aoĂ»t 2022, qu’on s’agite en coulisse en prĂ©paration de cet Ă©vĂ©nement. 25000 personnes par

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